Le retour au pays de l'enfance |
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un documentaire de Claire Angelini
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Si les lieux où se sont inscrites et déployées nos enfances jouent un rôle décisif dans la constitution de notre identité, si les territoires où nous grandissons enfants, façonnent les adultes que nous devenons, que veut dire alors quitter sa ville, sa terre natale, et refonder son histoire ailleurs, autrement. Car quel rôle jouent alors ces souvenirs d’enfance, à l’épreuve des nouvelles cultures et territoires? Ces questions sont en substance l’enjeu de La mémoire n'est pas un jeu d'enfant, projet documentaire. Le parcours de Narriman est totalement singulier, exemplaire, fascinant. Car Narriman n’est pas une immigrée ordinaire. Fille d’un militaire indigène de l’armée française, pratiquement née dans une forteresse à Verdun, elle est revenue, au terme d’un parcours de plusieurs milliers de kilomètres et qui aura duré plus d’une trentaine d’années dans cette France qu’elle revendique aussi comme une partie de son histoire, et où elle s’est depuis lors définitivement enracinée. C’est cet étonnant parcours que le film prétend faire avec elle : quels chemins subjectifs, physiques et mentaux a donc emprunté Narriman pour devenir cette femme à l’identité exceptionnellement riche, et si totalement assumée ? Pour cela le film aborde son histoire par un biais original : par l’enfance, puisque c’est là que pour Narriman tout se noue. Et c’est pourquoi aussi il nous convie à un voyage dans trois pays, la France, la Tunisie, l’Algérie: nous suivrons simplement, les étapes de la vie de Narriman de l’enfance à l’âge adulte, éclairée par son commentaire. En outre, l’historienne que Narriman adulte est devenue, qui ne cesse dès lors de travailler la mémoire de son enfance et de sa famille à l’aune des exigences scientifiques de sa discipline, nous enrichit de sa vision lucide des deux rives de la méditerranée, qu’elle embrasse d’un seul regard, amenant sa pierre à la difficile réflexion qui doit être la nôtre sur les liens complexes que nous entretenons avec notre ancienne colonie. Ce voyage filmique qui traversera le temps, convoquant aussi bien ses ancêtres berbères, et son père militaire, que ses études en RDA et sa vie actuelle à Grenoble est conçu comme une boucle: nous partirons de Grenoble, et nous traverserons, après ceux du Vercors, l’infinité des paysages qui furent ceux de l’enfance et de la jeunesse de Narriman: les terrains blessés de la Première guerre mondiale, la côte tunisienne et son arrière-pays agricole, les fantastiques montagnes ocres pétrifiées et minérales des Aurès, la baie d’Alger, et enfin à nouveau les non moins impressionnantes montagnes du Vercors que Narriman aperçoit justement depuis sa fenêtre de son appartement grenoblois. |